La prise en charge pour toute pathologie en lien avec des douleurs de la coiffe des rotateurs est très individualisée et diversifiée. La coiffe des rotateurs est l’unité la plus importante de l’épaule, puisque c’est elle qui assure le plus gros travail de stabilisation de la tête humérale. Ils travaillent en synergie avec l’omoplate, puisque 4 muscles s’y insèrent.
La coiffe des rotateurs est composée de 4 muscles : Supra-Épineux, Infra-Épineux, Petit Rond et Subscapulaire. Leur fonction principale est stabilisatrice et mobilisatrice. Ils stabilisent la tête humérale pendant le mouvement de l’épaule et mobilisent en rotation externe et interne.
Les muscles Supra-épineux, Infra-épineux et Petit rond forment la coiffe postérieure et sont les rotateurs externes de l’épaule dit ‘’intrinsèques’’. Le muscle subscapulaire forme la coiffe antérieure et il est le seul rotateur interne ‘’intrinsèque de l’épaule’’.
La majorité des déchirures de la coiffe des rotateurs concerne le Supra-Épineux. De par sa position anatomique et sa position biomécanique, il est le plus déchiré. Il n’est responsable que de 20 à 25% de la force des rotateurs externes. Cependant, il a un rôle important dans le soutien de la tête de l’humérus en supéro-postérieur.
L’Infra-épineux est le deuxième plus souvent déchiré. Il est le principal rotateur externe de la coiffe postérieure avec environ 60 à 65% de la force produite.
Le Subscapulaire est le troisième plus atteint, mais beaucoup plus rarement ; les déchirures sont majoritairement traumatiques et l’issue est presque exclusivement chirurgicale. Il est malheureusement le seul à s’occuper de la stabilisation du glissement postérieur de la tête humérale et des rotateurs internes. Monsieur Timothée Bernard, P.T, effectue actuellement une recherche clinique sur le rôle et la fonction du subscapulaire pour explorer de nouvelles voies de traitement conservateur. Les premières conclusions sont étonnantes et très positives !
Le petit-Rond est rarement déchiré, il est surtout important dans la rotation externe de l’épaule quand le bras est au-dessus de la tête. Quand il est déchiré, cela signifie que bien souvent, les autres muscles de la coiffe le sont aussi et qu’il y a une rupture massive de la coiffe.
Les déchirures de la coiffe des rotateurs sont à tort diabolisées ! En effet, elles sont très communes après plus de 50 ans. Une épaule est considérée comme ‘’vieille’’ à partir de 30 ans! Dès 50 ans, nos tissus collagineux deviennent de moins bonne qualité, et les tendons de la coiffe des rotateurs sont majoritairement composés de ceux-ci (type 1). Des ruptures spontanées sont même assez fréquentes et asymptomatiques ! Les tendons de la coiffe des rotateurs ont anatomiquement suivi l’évolution humaine pour palier à ces nombreuses déchirures. Le corps a créé un ‘’système’’ au sein des tendons pour compenser ces déchirures.
Ceci explique pourquoi elles sont fréquemment asymptomatiques et que la physiothérapie permet une bonne reprise de fonction. Par contre, en fonction de l’endroit de la déchirure, le pourcentage de déchirement du tendon, la profondeur des fibres atteintes, le nombre de tendons et surtout l’âge de la personne, la chirurgie est inévitable. En général en dessous de 40 ans, la chirurgie est plus ‘’récurrentes’’ si les tous les facteurs précités tendent à tirer vers le négatif.
Les déchirures massives de la coiffe sont traitées de façon chirurgicales, quasi inévitablement. La qualité des tendons, la présence d’ostéoporose, la fonction globale et encore l’âge (le facteur le plus important) vont induire soit une reconstruction totale de la coiffe soit une prothèse totale de l’épaule.
À noter que certaines personnes ont des déchirures totales de la coiffe des rotateurs, sans douleur et gardent une fonction correcte de l’épaule ! Il faut absolument prendre en considération les besoins et la qualité de vie du patient avant une prise en charge chirurgicale.
L’épaule est composée de 12 bourses ; la bourse subacromiale est la plus souvent impliquée. Les bourses sont hautement innervées et peuvent devenir douloureuses. Leur fonction première est de diminuer la friction entre certaines structures de l’épaule pour que ces structures ne soient pas lésées.
Les bursites sont-elles aussi trop ‘’diabolisées’’. Elles sont bien moins problématiques et facilement traitables. Beaucoup trop de médecins et professionnels de la santé se focalisent dessus. Des études ont clairement démontré qu’il n’y a aucune corrélation entre une bourse inflammée et une augmentation de douleur !
Les dernières études démontrent qu’elles s’inflamment surtout suite à une sensibilisation avec la libération des agents pro inflammatoires par le corps, causée par des lésions aux structures adjacentes, ou des hyperalgésies secondaires de type neurogène orthodromique, puisqu’elles sont hautement innervées. La preuve en est qu’elles sont presque toujours accompagnées d’une lésion à structure adjacente sur les IRMs ou une inflammation des racines nerveuses les innervant.
Le traitement des pathologies des tendons de la coiffe des rotateurs et des bursites est similaire.
Nous appelons cela les traitements en lien avec des douleurs de la coiffe des rotateurs.
Ce qu’il faut retenir, c’est que ce n’est pas parce qu’il y a une déchirure du tendon qu’il y a automatiquement une douleur associée à ce tendon.
La durée du traitement est très intéressante. En effet, Jérémy Lewis a mené une des études les plus importantes sur la rééducation de la coiffe des rotateurs. Les conclusions de sa recherche ont mené à la conclusion suivante : une rééducation de la coiffe des rotateurs prend minimum 12 semaines pour être optimale !
Son étude a démontré que contrairement à ce que nous connaissons et croyons : il n’y a pas d’évolution sur la force pendant cette période de 12 semaines ; les études de x-x-x ont démontré que la force malgré les exercices de renforcement survenait après 12 semaines.
Les 12 premières semaines sont plutôt un retour à la normale de la capacité neuro-motrice et neuro-synchronique. C’est pour cette raison qu’il est très important que le patient comprenne l’impact de la rééducation et qu’il sache que la rééducation va être très proactive. La réussite du traitement passera par lui, bien sûr ce sera le rôle du physiothérapeute d’accompagner, de faire comprendre au patient l’importance de continuer à être actif et de l’emmener ainsi que de l’encourager vers cette guérison sur le long terme.
La fréquence des traitements en physiothérapie est individualisée, mais ne sera pas de 2x par semaine sur 12 semaines. Les traitements seront de moins en moins fréquents et ce assez rapidement. Le patient doit travailler à la maison et reprendre ses activités pour optimiser sa réussite.
Malheureusement, il arrive parfois, et nous le savons relativement rapidement, que la physiothérapie soit un échec dès le premier traitement, en regard de la gravité de la condition. Quelques fois, C’est seulement 2 à 3 plus tard que nous revoyons le patient et que la condition s’est réellement péjorée. Nous redirigeons donc nos patients vers notre chirurgien spécialiste de l’épaule pour des examens complémentaires. Des infiltrations de cortisones ou autre pourraient être envisagées, voire une chirurgie. Nous interviendrons dans ce cas-là pour la préparation pré-opératoire et nous les reverrons en post-opératoire.